Association Eau Roc Explo
Un dimanche loin des sons de cloches…
Après ce que l’on peut qualifier de nuit de merde, et plutôt avec un grand M, nous nous dirigeons vers le nord, avec l’intention d’arriver sur les rives du lac tant convoité, le lac Merzbacher (en référence à l'alpiniste qui a découvert cette étendue d'eau en 1903, Gottfried Merzbacher).
Expédition avec Regard sur l'Aventure, au Kirghizistan
du 31 octobre au 21 novembre 2023
Adeline F, Bruno F, Didier G, Francky B, Bastien W, Denis P, Yann A, Stéphane M, Eric B, Anthony G, Olivier C.
Texte Olivier, photos Denis, Olivier.
Merzbacher, comme si vous y étiez...ou pas.
Dimanche 12 novembre.
Sur la trace du retour je bifurque un peu pour prospecter le long d’une petite bédière que je suis vers l’aval, découvrant ainsi 3 nouvelles entrées que nous pourrions explorer ces prochains jours…voir même avant…
Nous tentons l’approche par la rive gauche, tournant quelques instants sur la droite, ou sur la gauche, tel un serpent qui souhaiterait attraper sa queue sans jamais y parvenir, cherchant à absorber les reliefs en contournant les obstacles. La progression se complique au milieu de séracs et de crevasses où il est difficile de négocier le passage.
Mes amis d’aventure m’abandonnent, et je tente une dernière lancée crampons aux pieds, piolet en main. Les pointes accrochent la pente, parfois montante, parfois déclive. Je n’irais pas plus loin alors que j’aperçois le lac en contre-bas, à peine à quelques pieds de distance, mais entrecoupée de failles et de tours auxquelles je n’ose me mesurer. De plus, en contemplation devant cette étendue glacée, je ne peux m’imaginer en fouler la surface sans risque de la traverser, les berges étant encore moins propices à la rando, avec ces pénitents qui me regardent en me narguant de toute leur imposante arrogance. Je suis à une cinquantaine de mètres de notre but lorsque je tourne les talons et retrouve mon équipe qui patiente pour que nous pique-niquions ensemble, un bel esprit d’équipe symbole de l’intégralité de cette incroyable aventure…
De retour au camp, je sonde mes coéquipiers qui ne semblent pas très chauds, mais finalement, vu l’heure peu avancée de la journée, c’est accompagné de Denis, que Bruno et moi-même retournons vers ce qui deviendra le Moulin Sar.
Que s’est-il passé dans la tête de Bruno à ce moment-là ? Toujours est-il que commence ici une série de noms qui viendront tous de la collection Hergé.
A peine 10 minutes de marche nous permettent de nous retrouver devant la lèvre de ce trou s’ouvrant à l’extrémité de la bédière, mais 8 mètres plus bas et malgré les sculptures fantomatiques que dessine la glace, c’est sur un pincement total des parois que nous devons nous avouer impuissants.
Rebroussant de quelques mètres le long de la bédière et au pied d’un iceberg monumental, béant sous nos pieds, l’orifice du moulin des Milles Sabords avale notre corde, et c’est près de 25 mètres de verticale dans un tube parfait, aux écailles de glace décoratives, que je prends pieds devant une lucarne. Un filet d’eau m’oblige à en décaler l’équipement. Cette verticale descendue, une nouvelle fois le gouffre se referme marquant la fin de cette exploration.
Après avoir déposé notre matériel pour une future incursion sous-glaciaire, nous foulons la neige en direction de nos tentes, histoire de nous peler le cul pour une nouvelle nuit sur le glacier.
Adeline et Bastien, qui sont eux aussi partis en exploration dans un autre moulin, dont nous ne connaissons l’emplacement, ne sont pas encore revnus au camp alors que la nuit tombe et entraîne la chute des températures. A tour de rôle, nous faisons quelques pas en direction du glacier dans l’espoir de voir apparaitre leurs faisceaux lumineux. Les minutes passent et je me décide à aller à leur rencontre en suivant leurs empreintes laissées dans la neige, jusqu’à arriver à une sorte de col d’où j’aperçois leurs rais de lumière, 2 silhouettes zigzaguant au milieu des trônes de glace qui me remontent le moral.
Nous avons fait une erreur de taille en nous préparant à ces journées bivouac avancé, n’ayant emporté avec nous qu'une seule bouteille de gaz pour notre Jetboil, et oublié la casserole pour notre réchaud à essence! Et c’est Bastien, en jeune marcheur en pleine forme, qui s’est dévoué pour réaliser un aller-retour vers la base scientifique afin de corriger le tir, et nous l’en remercions!
Parce qu’il est bon de rappeler que sans réchaud, impossible de manger chaud, c’est évident, mais aussi et surtout, de faire fondre la glace, notre source peu minérale mais indispensable à nos corps.
Finalement et heureusement, cette nouvelle nuit dans la tente Barbie est moins pire que redoutée, sans être enviable…