Association Eau Roc Explo

Nous rentrons à Jarsy. Il est l’heure de prendre un bon apéro, puis de goûter à la spécialité espagnol concoctée par Julie, il sait s’y prendre ce Juan...
Le lendemain il fait beau, une question reste en suspens, rester ici dans ce cadre idyllique ou rentrer en Alsace avec le risque de se faire confiner au cœur même d’un cluster... La seconde solution fut unanimement choisie, ce fut notre dernière sortie spel avant quelques temps.

La marche de retour se fait le long des pistes de ski de fond. Yvan, chaud patate, traine la cargaison de kits, accrochés de manière successive derrière lui. Ils s’y mettent même à deux lorsque la piste s’élève. Des skieurs nous doublent, en faisaient la gueule??? L’air frais de l’atmosphère doit leur congeler les neurones de la sympathie.
Heureusement tous ne sont pas comme ça. Tout en trainant les kits, nous faisons la course, avec Juan, contre un skieur rigolo. Nous voilà enfin à la voiture, Pti con peste toujours. Il ne comprend pas l’intérêt et la logique de la spéléo... Martin lui est mitigé et puis il ne s’est pas souvenu de grand-chose de cette traversée. Il faut dire qu’à l’âge de onze ans il l’avait déjà faite (Garde/Cavale) mais en mode somnambule après avoir passer une journée entière à cherche l’entrée dans la neige. Fred est contente mais elle trouve qu’elle fait trop de spel ces temps-ci, formation BE oblige. Yvan lui continue à parler de son hélicoptère mais a prévu les bières à la voiture donc fait semblant de s’intéresser à ces autogires. Lara est toujours souriante et heureuse, mais ça c’est normal.

Pti con lui en étanche se balade plutôt tranquille, un des spéléos croisés, n’en revenant pas lui a même demandé si il n’était pas Suisse? Eh oui c’est ça quand on est blindé de thunes, pour le conforter dans son idée on lui a dit qu’on s’est fait déposer en hélico à l’entrée. Ah l’hélico d’Yvan!!! Depuis Gournier il nous en parle...
Allez voici les dernières vasques, que certains éviteront par les cordes en fixe, puis le Bain Turc. C’est le moment où nos deux Savoyards nous rattrapent et nous doublent. Quelques passages bas et voici les cordes de sortie. Pti Con n’ayant pas de torse, il a simplement un bodar canyon,je lui laisserai le mien en bas de cette première verticale. Pas trop envie qu’il en chie et faut pas louper l’heure de l’apéro. Ça y est, enfin dehors,la dernière montée se fait le long d’une galerie glacée, stalactites et stalagmites transparentes agrémentant cette portion de grotte. Le Creux d’entrée, rempli de neige s’escalade par un des côtés de manière plus ou moins facile. Nous n’utilisons pas la corde mis en place par Martin la veille. Elle sera même déséquipée en attendant les deux derniers. Fred accompagne un agonisant jusqu’au-boutiste. Nous on rigole, en plus, il fait beau et la température est toujours positive. Les rayons du soleil permettent de réchauffer nos corps encore refroidis par le passage au cœur de ces 5 rivières. Il ne reste plus qu’à rentrer aux voitures.

Le bruit sourd d’un nouveau torrent se fait entendre. Par un petit puits glaiseux, nous prenons pied dans la rivière de la Cavale. Nous avançons bon train dans cette traversée ou du moins à la lecture du descriptif. Il ne reste qu’une phrase, pas plus de vingt mots pour accéder à la sortie.
Remonter la rivière, prendre au plus facile, la sortie est évidente, sont les précieux conseils. Le ratio nombre de mots et temps passé dans cet actif est quelque peu différent voir exponentiel. Pti Con commence à en avoir ras le cul, c’est quoi ces traversées avec une entrée plus basse que la sortie, en plus c’est de la rando dans l’eau, et puis il n’y a même pas de femme à poil. Et d’abord vu la température de l’eau je ne pourrais rien faire dans tous les cas... Alala, quand on en arrive aux questions existentielles, c’est que la sortie commence à durer. Alors qu’en réalité nousavons plutôt un bon rythme et vu comment a commencé la journée on aurait pu s’attendre à pire.
La néo commence à m’agacer en plus de m’enserrer, c’est un peu Vis ma vie d’Yvan à Gournier. Je ne peux plus plier mes jambes. Pour me hisser sur les blocs j’en suis même obligé d’y mettre d’abord les genoux. Le derrière des jambes commence également à chauffer, dire que j’ai laissé chez moi la vaseline avec le matériel de bondage. Ibus et gorgées d’eau permettent de retrouver le sourire et quelques forces.

Nous prenons alors pied dans l’actif. Il suffit maintenant de remonter cette rivière. L’eau furibonde nous casse les oreilles et humidifie voire trempe tout le monde. Les ressauts, oppositions, passages de vasques et cascadelles agrémentent le parcours aquatique. Là tout le monde comprend pourquoi nous sommes ici.
Nous nous émerveillons de ce paysage souterrain. Un peu plus loin une corde arrivant de la gauche nous situe à la jonction avec l’entrée de Cavale. L’équipe dispersée le long du cours d’eau, s’étire et se regroupe tout au long de l’avancée. Ah, un peu de balisage et quelques flèches noircies sur la paroi de droite nous indique le départ de la galerie du Papagos. Tout le monde réunis, nous empruntons alors ce nouvel itinéraire. Galerie sèche et exsangue de difficultés, nous progressons rapidement. Il est bon d’être un peu hors d’eau, nos oreilles nous en remercient également, plus de vacarme seulement la quiétude des lieux. Quelques Dragibus et gorgées d’eau permettent de retrouver le sourire et quelques forces.

Nous croisons les deux foreurs fous, et les doublons gentiment. J’esquisse une petite blague en leur expliquant que pour faire des AF, il faut percer plus profond... Bon ça tombe à l’eau, normal pour une rivière sout...
J’avais bien compris qu’ils brochaient. Le transport des kits remplis de bouffe et surtout des néoprènes est bien chiant. Et si nous ne sommes pas encore à la rivière, l’eau est déjà bien présente. Elle cataracte et éructe le long de belles verticales. Car oui seules les verticales sont belles.
L’équipement en fixe de ce Creux Perrin est, lui, vraiment à chier. On va nous dire, oui c’est de l’équipement d’explo... Non, non, même en explo ça peut être mieux équipé. Les cordes un peu grosses pour mon descendeur et commencent à fatiguer ma patience et je terminerai les descentes en demi-cab à l’aide de mon mousqueton de frein. Ça commence à devenir agréable. Derrière, ça galère, ça se fait chier, ça se trempe, ça se longe entreles deux huits de tête de puits... Qui l’est long cet affluent des Potawatomis.
Nous avons enfin fini avec toutes ces cordes, équipées avec les pieds. Nous prenons alors l’accès vers la rivière de Larcoutier. Lors de cette jonction, au sec, nous en profitons pour faire une courte, très courte, pause repas. Les bonnes salades de riz confectionnées par Anne si j’ai bien compris, sont vite avalées. Deux, trois balistos et quelques graines feront l’affaire en dessert. Nous nous refroidissons tous. Une question reste toujours en suspens, la néo ? Non, personne ne veut la mettre et moi j’ai déjà le bas. Et il faut dire que trimballer un gros kit vous réchauffera. 

Nous passons une bâche obstruant le premier boyau. Cette dernière sert de barrière au courant d’air et permet en hiver que l’entrée ne se retrouve pas entièrement bouchée par la glace et les congères.
Parti devant, je suis les cordes et arrive à un petit actif. En haut, Fred me dit mais heu... y a le balisage juste avant. Oui tu as raison, en bas ça a l’air bien chouette et c’est également équipé en fixe par-contre on ne traversera jamais par là. Il faut donc prendre un petit boyau remontant entièrement glaiseux. C’est crade, voir bien dégueulasse. Tout le monde réunis, nous progressons dans cet infame méandre. Ça passe juste. Le fond est rempli de 50 à 70 centimètres de glaise liquide. Suivant la taille des impétrants cela arrive plus ou moins au-dessus du genou. Il faut sinon choisir l’option oppo afin d’éviter cette merde.
Nous retrouvons les cordes et le méandre s’élargit un peu. Un petit actif coule au milieu. Moi j’aime bien, même si tout le monde n’a pas mon amour inconditionnel et immodéré pour tous les conduits hypogés.

Moi, sur ma portion de bitume, je me mets la néo au milieu des skieurs. Il s’agit de ma première épreuve. Cette combinaison n’a pas vu un corpsnu depuis au moins 4 ans... Ce striptease inversé réveille alors l’instinct sauvage et félin de deux cougars garées non loin. Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas ; pourquoi ce n’est jamais de belles et jeunes filles (on a se qu'on mérite (ndt)).
Nous continuons les préparatifs mais je passerai sous silence, le fait que j’ai oublié au chalet mes accus en rab, que Martin pétera sa lampe de secours en voulant y mettre de nouvelles piles, que les topos gracieusement plastifiées par Sophie, ont été gentiment oubliées par tout le monde au chalet également...malgré tous ces déboires, Martin et Fred, efficaces, font la navette afin de poser une voiture à l’arrivée. Entre temps, nous croisons deux spéléos Savoyards dont un qui a donné des informations à Fred sur la traversée. Ils vont forer dans Creux Perrin en vue d’un futur brochage. Puis nous rencontrons l’ancien président de l’UFR de Chambéry, il nous parle de Fabien Hobléa, spéléo mais également l’enseignant en géographie de Lara. Le monde est petit (comme?).
Martin et Fred revenus, nous prenons tout le matos et entamons, un peu au hasard, la marche d’approche. Ne trouvant, dans la neige, aucune trace de nos prédécesseurs. Ne sachant pas où se trouve l’entrée et n’ayant pas le descriptif avec nous. Martin préfère retourner chercher son smartphone à la voiture. Le revoilà, nous coupons tout droit à l’aide du GPS, c’est bien plus pratique. L’entrée est tôlée afin de préserver sa bouche béante de quantité de neige astronomique. Allez hop sous terre, il suffit de suivre les cordes, bon dès la première descente l’état de ces dernières n’inspire pas tellement confiance.

Levé 7h, il fait grand beau et la vue est époustouflante. Les sommets encore enneigés tranchent avec le parfait bleu du ciel. La journée commence sous les meilleurs auspices. Le petit déjeuné vite pris nous faisons nos adieux ou plutôt au revoir à Christine et Paul.
A deux voitures, nous partons en direction de la Féclaz. Arrivés au premier parking, nous sortons les affaires afin de faire la navette. Et là, la voilà, la boulette, la vraie, la belle !Depuis hier soir, une question est restée en suspens, celle de l’habillement pour réaliser cette traversée. Néo, pas néo, quand la mettre...J’avaisdonc opté en amont pour mettre une néo intégrale en 2mm et un shorty sharkskin en 1mm dès l’entrée et pour toute la traversée. Je gagnerais du temps et éviterai de me changer sous terre, de porter la néo... Par conséquent je n’avais pas pris de sous combi et autres... Mais là, à mon grand désespoir et au foutage de gueule de tout le monde. Je me retrouve simplement avec un maillot de bain et une combi spel. Bien !!! Au milieu de la neige, c’est plutôt classe. La Kern’s Familly ayant le cœur sur la main, Martin appelle Paul. Il y a une néo au chalet. Paul la récupère et vient vers la Féclaz tandis que nous rebroussons chemin pour venir à son encontre. Nous le croisons et récupérons ce bien si précieux pour une traversée aquatique. Je me souviens bien d’un des mails d’Oliv qui disait « Et qui dit rivière, dit néo ou étanche (étanche pour ceux qui en ont une bien sûr)». Ouf me voilà donc sauvé. Arrivé au parking tout le monde se prépare. On enkite les néo, on s’équipe...

Ce n’est pas possible... Pas encore moi... Non mais cette année je vais réussir à faire des boulettes à chaque sortie... Et de fait, je me retrouve encore à devoir écrire un compte rendu. Quelle loose...
Oliv nous a proposé, il y a quelques temps la traversée Creux Perrin / Creux de la Cavale pour le week-end du 14/15 mars.
Ça a l’air d’une bien belle traversée et nous sommes huit à répondre présent. Heu enfin... seulement plus que sept. En effet, Oliv ne se sent pas top et a un peu de fièvre. Covid 19 agissant, il préfère éviter de nous refiler cette merde. On est sympa on lui dit que l’on lui fera de belles photos et un joli CR. Nous sommes donc quatre en partance de l’Alsace pour aller en Savoie. Juan, conduit. Yvan et P'ti con sont à l’arrière. Moi, à la place du mort, tiens je commence déjà à tousser, ne serait-ce pas un des premiers signes?
Le passage par la Suisse se fait sans encombre malgré une certaine appréhension, les frontières ne sont pas encore totalement fermées. Vers 21h30, nous arrivons chez les Kern au grand complet. Christine, Paul, Martin et Lara nous accueillent chaleureusement. Fred nous rejoindra plus tard. Nous commençons sans elle l’apéro et le repas. Aujourd’hui nous mangeons local, Croûte au fromage. Tout le monde trouve cela succulent mais comme y en a toujours un dans un groupe qui essaie de se faire remarquer... N’est-ce pas Yvan ! Monsieur n’aime pas le fromage, hou le dédaigneux. Il ne fait même pas un effort !!! Tandis que nos hôtes, eux, se confondent en excuses et se plient en quatre pour remédier à ce problème. Non mais Yvan, là tu nous fais honte, imagine-toi en quarantaine rien qu’avec ce plat. Rien n’y fera, par-contre, nous, nous en reprendrons plusieurs fois. Fred nous rejoint et s’attable également, nous parlons de la sortie de demain. Julie, la femme de Juan, nous a tout imprimé et plastifié, c’est top. Fred a également imprimé topographie et descriptif. Même si tout le monde comptait un peu sur Oliv et que personne n’a vraiment regardé ce que nous allons faire demain, la sortie ne s’annonce pas si mal.

Traversée Perrin / Cavale...
le 14/03/20
Lara, Martin, Juan, Yvan, Jean-Mi, Fred, Thomas
Texte de Thomas, photos de Martin