Association Eau Roc Explo

Expédition avec Regard sur l'Aventure, au Kirghizistan
du 31 octobre au 21 novembre 2023
Adeline F, Bruno F, Didier G, Francky B, Bastien W, Denis P, Yann A, Stéphane M, Eric B, Anthony G, Olivier C.
Texte Olivier, photos Denis, Olivier.

De l'écho dans l'Oreille cassée.
Lundi 13 novembre.

Au gré de quelques acrobaties nous nous décalons entre ces parois brillantes et touchons le sol quelques mètres plus bas sur un palier décoré de blocs de marbre blanc, enchâssés dans une coque transparente.
Bruno prend la main sur l’équipement qu’il apprécie tout autant que moi, et en poursuit l’installation. De vires en petite verticales, de traversées en oppositions parfois délicates, nous épuisons rapidement notre stock de matériel alors que le moulin résonne et nous attire toujours plus vers le cœur du glacier.



Délestés de nos cordes et broches à glace, nous retrouvons peu de temps après le soleil qui a préféré nous attendre dehors, puis retrouvons nos maisons secondaires au confort relatif.
Cette séance d’exploration était vraiment superbe, avec une progression en méandre entrecoupée de nombreuses marches de 2 à 6 mètres. Bien que peu profond, on se croirait réellement dans une cavité karstique avec son arsenal de main-courantes, de petits pendules. Le méandre sculpté par l’eau nous propose toutes formes inédites, de lames transperçant de part en part les vides rencontrés, de coups de gouges et de vasques suspendues ou d’arches incroyables.
Dehors, nous nous préparons pour retourner à l’ancienne base scientifique et plions le camp en laissant  derrière nous la mini tente, sait-on jamais si on avait de la visite…
En réalité, elle sert surtout à stocker un peu de matériel pour une prochaine journée qui sera une nouvelle fois consacrée au moulin de l’Oreille Cassée dont l’exploration hantera nos pensées.




Aparté à chaud sur une nuit au froid, au camp glacier, la base scientifique.
Après le repas, il faut se coucher. Mais c’est plus simple à dire qu’à faire. Il faut déjà récupérer dans la tente, la bouteille de coca qui bien entendu, est totalement gelée, en faisant gaffe à ne pas se vautrer dans une glissade incontrôlée, sur la glace-neige qui nous sépare de la chambre. Puis trouver de l’eau chaude pour faire fondre la glace qui est dans la bouteille et la remplacer ensuite par de l’eau bouillante pour réchauffer le duvet en la plaçant au fond de celui-ci.
Une fois le pipi organisé, entrer dans la tente avec la frontale, préparer le couchage. Recouvrir le duvet avec la grosse doudoune, enlever ce qui est dans mes poches pour tenter d’abriter un peu au chaud tout ce qui est électronique. Enlever la doudoune fine pour en faire un oreiller (l’oreiller décathlon n’ayant pas résisté une seule nuit), enlever le superflu, comme le surpantalon, mettre le téléphone dans la poche du collant pour qu’il reste au chaud contre ma cuisse et entrer enfin dans le duvet.
Enlever les chaussettes pour mettre les pieds au contact de la bouillotte, réchauffer les moufles. Préparer le livre, les bouchons d’oreilles, de quoi se moucher…
Dans le duvet un peu réchauffé, récupérer une chaussette pour y enfiler la bouillotte, ce qui permettra de garder cette source de chaleur plus longtemps en évitant de se bruler, et ploner les pieds dans des chaussettes sèches pour la nuit. Enfiler les moufles réchauffées pour lire sans se geler les mains. Pas évident de tourner les pages, mais bon…
Au moment d’éteindre pour dormir, parce que le bras qui reste dehors est congelé, ranger les lunettes qui étaient pleine de buée, mettre la frontale à portée de main, enlever la plus grosse de mes polaires pour la mettre sur le duvet et…tenter de dormir en attendant la pause pipi du milieu de la nuit.
Bien entendu, ne pas toucher à la toile de tente qui est recouverte de givre…
Et si dans la nuit, te prends l’envie subite d’aller aux toilettes pour faire autre chose qu’un simple arrosage de pelouse, là, ben ça se corse! Surtout que les toilettes sèches sont à environ 300 mètres, que c’est en pente et que tout est gelé! 






C’est déjà le dernier jour sur place et nous nous dirigeons à nouveau vers la bédière de la veille, puis gagnons l’orifice de ce qui deviendra le moulin de l’Oreille Cassée. Et c’est en compagnie de Didier et Bruno, que nous en débutons l’exploration. La bédière s’y enfouie en crevant la paroi derrière laquelle une énorme marmite nous fait de l’œil, œil que nous tournons ensuite vers la base du puits pour découvrir son prolongement en un large méandre plongeant.



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