Association Eau Roc Explo
Le vent souffle un peu ce matin. La toile de la tente claquant à chaque bourrasque. L’ouverture difficile de la fermeture éclair entraîne le givre vers nos duvets puis laisse apparaitre un sol couvert de son gilet hivernal. Le nez dehors, le brouillard se mêle à la neige et donne une ambiance peu encourageante. Déjà, les 100 mètres qui nous séparent de la tente mess deviennent un objectif qui se suffit.
Quand tempête t'embête.
Vendredi 10 novembre.
Expédition avec Regard sur l'Aventure, au Kirghizistan
du 31 octobre au 21 novembre 2023
Adeline F, Bruno F, Didier G, Francky B, Bastien W, Denis P, Yann A, Stéphane M, Eric B, Anthony G, Olivier C.
Texte Olivier, photos Denis, Olivier.
Nous nous retrouvons sous l’abri collectif, et la discussion tarde à venir pour les objectifs du jour, personne n’osant avouer que finalement, l’unique option est de rester ici!
C’est sans aucun doute que nous finissons à voter à l’unanimité que nous squatterons le base-camp, dont le sol de la tente mess se transforme progressivement et à force de piétinement en bourbier glissant. Nous déjeunons, puis nous mangeons, mangeons, en de temps à autre, osons entre-ouvrir la toile pour aussitôt la refermer…
On se lance dans quelques parties de dés, entrecoupées de partie de cartes, pendant que certains préfèrent les échecs. De quelques millimètres, on atteint quelques centimètres, puis quelques dizaines de centimètres.
Alors que le ciel ne semble pas se lever, bien au contraire, nous débutons un certain nombre de trajets en direction du vallon voisin, recouvert par endroits par une épaisse couche de glace, notre source solide est bien là, il faut juste jouer du piolet pour en extraire de gros glaçons qui une fois fondus, rejoindront nos thermos avant d’être consommés. L’affaire nous occupe un tant soit peu, et nous permet de voir le temps s’écouler vers des lendemains qui devraient être plus propices.
La neige continue de tomber, et maintenant ce sont pas loin de 40 centimètres de poudre qui recouvrent le sol.
Il ne serait pas l’heure de passer à table? Et comme toujours lorsque l’inactivité d’une journée d’intempérie bloque une équipe complète, nous refaisons le monde et dans notre cas, à coup de cordes et de mousquetons.
Le temps étant idéal pour une petite douche, je file avec mon thermos de 75 centilitres à la cabine de douche, dont le sol et si froid, que bien entendu l’eau ne peut s’écouler. Au contraire de mon eau, qui elle, est brulante! Une petite danse improvisée sous les gouttelettes trop chaudes pour être appréciées et les contrastes si importants une fois mes ablutions terminées, que le froid revient si vite que cette courte interruption du climat ne devient que trop rapidement un lointain souvenir. Les pieds, les mains, les cuisses font une partie de « c’est qui qu'est le plus froid », alors que le torse, lui, semble s’être correctement acclimaté.
Remerciements pour ma p'tite femme...
Merci de m’avoir poussé à vivre cette expérience qui sans aucun doute, restera gravée dans ma mémoire pour très longtemps. Ces paysages sont époustouflants, ce glacier est gigantesque, les montagnes qui l’entourent sont uniques, les sommets enneigés (avant les dernières chutes) avec leurs chapeaux blancs, paysages de haute-montagne en haute résolution! Le glacier, hier fait de moraines grises sera demain certainement tout blanc, immaculé, et j’avoue que j’appréhende un peu le bivouac de demain, à même la neige, au milieu du glacier…