Association Eau Roc Explo

Avec JP et Mathieu, nous nous retrouvons le vendredi midi, sur le parking en-dessous du col du Marchairuz. Il fait super beau et chaud, ah non ?? En fait, il fait froid, il pleut et on ne voit pas grand chose...
Par contre, y en a deux qui sont chauds et déjà prêts, moi au contraire j'arrive un peu à l'arrache. Sous la pluie je prépare anarchiquement mon sac et sort deux bouts de plastique en guise de raquettes. Mathieu rigole, oui c'est la première utilisation de mesraquettes home made. Mais j'ai une luge toute neuve pour tracter mon gros sac.
JP et Mathieu m'attendent, c'est bon. Nous partons sous les yeux interrogatifs d'un groupe de randonneurs trempés. Les premiers 200 mètres sur le bitume se passent à merveille, puis JP et Mathieu mettent leurs raquettes, et moi mes bouts de cagette en plastique. Six mètres plus tard je laisse sur le côté mes raquettes Do it Yourself, transformé en Throw it Yourself... Cette marche d'approche jusqu'à la cabane risque d'être longue... Mathieu fait la trace, lui seul connait le chemin. JP, prévoyant, a pris la carte sur son smartphone. Moi, je galère avec ma luge... elle est trop large et fait chasse neige, putain, ça fait les cuisses. J'essaie de rester au contact. Quelques temps après, nous attaquons des dévers et là, la luge choit en roulés-boulés mémorables. Bon ça me gave, en plus je retarde mes co-équipiers. La question me traverse l'esprit de tout laisser ici et faire demi-tour afin de revenir demain avec des raquettes et le second groupe. Mathieu me dit de laisser la luge ici, et de continuer sac sur le dos. Bon, ok, on va voir ce que cela donne. Révélation !! C'est nettement moins fatiguant et ce même sans raquette. Je revis. Moralité la luge en tant que pulka c'est pourris.
La marche d'approche se déroule sans encombre et nous arrivons à naviguer au sein de cette étendue d'une blancheur immaculée. Avant d'atteindre le découvert de Druchaux, nous passons au refuge du CAS afin d'assurer le cheminement. Sauf que quelques mètres plus loin, nous nous perdons au cœur de la forêt puis d'un semi découvert. La progression s'avère également plus difficile et quelques chutes ponctuent notre périple. Décision précise, azimut plein Est en direction du découvert de Druchaux.
Quelques minutes après nous voilà soulagés, nous sommes en bas de cette immensité blanche, nous passons bien en-dessous de la ferme, et nous nous dirigeons vers la cabane que nous trouvons rapidement. Ce fut une belle épopée. La cabane est superbe, mais gelée, il nous faudra du temps pour la réchauffer. Nous mangeons...Le soir nous sommes allés faire un tour dans Papy Boum, cavité à côté de la cabane. Mais de nuit, à trouver ce n'est pas si facile. Nous ratissons dans la neige, nous ne trouvons rien, pas une seule entrée de grotte. Puis, victoire, voici enfin l'entrée tant attendue.

La cavité est jolie, quoiqu'un peu dégueulasse, vive le moonmilch... De belles escalades réalisées nous permettent de remonter des puits et de trouver des continuations. C'est très ludique toutes ces cordes en place. Nous nous baladons dans toutes les galeries de la grotte. Il se fait tard et nous ressortons pour passer la soirée (nuit) à la cabane. Après une courte et très chaude nuit, le jour se lève, il fait super beau. Un généreux soleil nous permet d'attendre la seconde équipe sur les chaises longues au milieu de ce champ de neige. En calbut et en moonboots il ne manque que le monoï afin de bronzer. Nous prenons tout de même le temps d'aller jeter la corde d'entrée dans le premier puits de Druchaux.
En milieu d'après midi, Juan et Léo arrivent, seuls. Ils nous racontent leurs exploits organisationnels. Laurent, après avoir commencé la marche d'approche, a fait demi tour pour aller chercher Nounours et Pierrette. Il repartira avec eux mais la difficulté du chemin et le chargement feront qu'il arrivera seul à la cabane. Nounours et Pierrette, eux, rebrousseront chemin. Ils nous laissent toutefois leur glacière avec quoi de faire bombance !!!
Après toute ces péripéties il se fait déjà tard et il est l'heure d'aller dans la Glacière de Druchaux. Gouffre portant bien son nom, en effet toutes les cordes des premiers puits sont sous la glace. C'est très beau! Des stalactites, des colonnes et autres draperies gelées agrémentent le parcours mais nous emprisonnent les cordes. Il faut se battre pour les délivrer afin de pouvoir continuer la descente, et tout outil est le bienvenu, poignée, descendeur... Mais le bon gros cailloux est tout de même l'arme la plus redoutable. Le fraca de glace tombant dans les puits nous amuse bien. Quelques puits plus loin, nous stoppons la descente. Malgré quelques dev de la muerte à passer, nous ne pouvons plus nous éloigner du jet de l'actif, d'autant que l'affluant qui tombe dans le P35 suivant est encore plus gros. Nous n'avons pas tellement envie de prendre une douche glaciale de fonte de neige...
En remontant nous passons dans une branche parallèle voir un autre terminus.
Nous nous retrouvons enfin, tous, au chaud, dans la cabane. Nous sommes, avant tout, venus ici pour fêter la Saint Patrick. Nous festoyons donc une bonne partie de la nuit tout en se racontant diverses histoires. Jusqu'à ce qu'au lieu d'aller se coucher, Laurent propose d'aller voir Papy Boum. Heu ?? Comment dire ?? Si tu y tiens vraiment... Nous serons donc trois, Mathieu qui a réussi à se faire amadouer, Laurent l'instigateur et moi spel, ok. Nous allons jusqu'au terminus afin que Laurent puisse voir les futurs escalades que les Suisses vont entreprendre dans cette jolie cavité. Mathieu se demande ce qu'il fait là... Malgré tout, ce simple aller retour prend un peu de temps et nous ressortons à l'aube. Le noir du ciel commençant à se tenter d'un joli bleu synonyme d'une belle journée. Aller, il est bientôt 7h du matin, il est temps de se coucher.
Petit somme, et il nous faut déjà tout ranger et nettoyer. Puis quitter ce cadre idyllique, et rentrer vers les voitures. La marche de retour est plus agréable et rapide que celle de l'aller. Mais les derniers mètres se feront sous la neige fondue qui commence à tomber. Il est grand temps pour chacun d'entre-nous de rentrer chez soi, la tête chargée de souvenirs.

Dans la neige, à Druchaux, dans le Jura Suisse...
JP, Juan, Laurent, Léo, Mathieu, Nounours, Pierrette, Thomas.
Le 26/03/2019
Texte Floriot